La p’tite Cab’Anne à Pains du bout du monde

Rencontre avec une pays’Anne pas comme les autres

Anne a la passion paysanne dans le sang. Depuis ses champs, dans lesquels elle sème elle-même ses céréales, jusqu’à la fabrication maison de ses pains au levain, elle a à cœur de nous offrir du bon pour les papilles, pour la santé et pour l’environnement.

Un retour à l’héritage familial

On se croirait presque dans La petite boulangerie du bout du monde (de Jenny Colgan) mais sans l’île perdue en Cornouaille. C’est plutôt du côté de Saint-Aaron, à moins de 10 minutes du centre de Lamballe, qu’Anne Méheust reprend la ferme de ses parents. Celle où ses parents et elles ont grandi car elle était exploitée par ses grands-parents à l’origine. « Mes parents nous ont toujours dit à ma sœur et moi « faites des études dans le droit, le commerce ou la finance. Comme ça au moins si un jour vous reprenez une entreprise vous saurez vous débrouiller avec la paperasse et les contrats » alors j’ai fait des études de droit et ma sœur dans le commerce ».

Après plusieurs emplois dans le droit puis la communication et diverses missions pour des administrations elle se reconvertit à, tenez-vous bien, paysanne bio – meunière – boulangère mais aussi vendeuse, livreuse, community manager, voire rénovatrice de bâtiment car il n’y avait pas encore de fournil à son arrivée. « C’est la diversité des activités qui me plaît, c’était ce qui me plaisait aussi dans mon dernier emploi, un peu fourre-tout ».

C’est en prenant plaisir à faire son pain chez elle pour ses enfants et un certain ras le bol des systèmes administratifs qu’Anne réalise qu’elle aimerait reprendre l’activité de ses parents, et y ajouter sa « pâte ». Josette et Michel étaient paysans et cultivaient des pommes de terre, des céréales et du chanvre, en bio depuis 1998. À la reprise, Anne se dit qu’elle peut valoriser toutes ces merveilleuses matières premières en fabriquant du pain, comme elle l’a toujours fait chez elle. Un bon produit « maison » à partir de sa farine issue de ses cultures !  Elle continue de cultiver des pommes de terre qui sont également disponibles en vente à la ferme et à la Binée Paysanne.

Mise à jour enclenchée !

C’est parti pour plusieurs stages en boulangerie ! Anne enchaîne sur une formation Responsable d’Entreprise Agricole à distance pendant 18 mois, et passe ses examens en visio avec succès. Vient alors le moment de l’installation. Grâce à ses études, elle est plus à l’aise avec le côté administratif et son expérience en chargée de com’ lui permet de s’installer aussi sur les réseaux sociaux. Avec son conjoint, ils ont déjà rénové leur maison alors Anne s’y connaît en travaux (encore une corde à son arc, on n’en finit plus de les compter). Elle décide de rénover tout un bâtiment de la ferme, inutilisé depuis 25 ans ! « Mes grands-parents l’avaient construit pour du cochon, puis mes parents l’avaient repris pour du lapin une année et demi, mais ensuite il a été oublié… Le pauvre ! » Il faut tout vider, et tout refaire du sol au plafond. « Au début on est infatigable ». Avec l’aide de son conjoint et ses deux enfants ainsi que de ses parents, le fournil prend forme. Il n’y a plus qu’à installer le grand four à bois « Il passait tout juste par la porte ! » se souvient-elle. Il ne manque plus que le bardage extérieur pour que la Cab’Anne à Pains soit complète ! « L’idée d’un nom simple est venue toute seule après quelques propositions infructueuses faites à mes proches. Je m’appelle Anne, je fais du pain » et ce dans un fournil recouvert de bois. « Du coup les gens m’appellent par mon prénom, ils sont contents et moi aussi, ils savent qui je suis ».

Ses maîtres mots : être accessible, digne de confiance et apporter de la qualité

Il n’y a pas de plus grande vérité que de dire qu’Anne Méheust est fière de son travail, qu’elle décrit sans hésitation comme enrichissant. C’est d’ailleurs pour cela que ses clients lui font confiance. Ils savent qu’elle a à cœur de gérer sa production d’un bout à l’autre pour apporter ce niveau de qualité dans leur pain quotidien. « C’est gratifiant, je me sens utile dans une certaine mesure, beaucoup de gens au marché me rapportent qu’ils peuvent enfin consommer du pain car le mien est sans additif et contient moins de gluten* » et ce grâce aux 8 variétés anciennes de céréales qu’elle a choisi de cultiver. « Je sais ce que je produits et les clients aussi, ils posent des questions, on échange et j’ai des retours très constructifs sur mes produits » pendant les marchés mais aussi à sa boutique ou quand elle tient un des dépôts de la Binée Paysanne, dont elle fait partie. C’est un regroupement de paysans locaux bio souhaitant garder de petites structures. « Ça aide de pouvoir échanger avec d’autres paysans, ils me rassurent… » Parce que des ratés il y en a eu et il y en aura encore. « Ma toute première fournée pour la Binée c’était du petit épeautre, j’avais oublié le levain, j’ai fait des briques… Je n’ai pas livré mes pains », confie-t-elle avec humour aujourd’hui. Bien entourée, Anne décrit ses clients comme une petite famille à part. « Je vois des petits grandir, c'est trop mignon » et continue avec émotion « Ils se souviendront peut-être plus tard qu’ils allaient voir « Anne » le matin au marché avec leur ass mat’. Je leur donne un bout de pain et ils repartent en souriant avec des « hum hum », les enfants ça ne ment pas ».

 « Ça se fait »

Avec des journées parfois de plus de 15h et malgré quelques moments de doutes, elle cultive ses compétences au quotidien et apprécie d’être littéralement au four et au moulin. « Quand on fait des stages chez d’autres paysans boulangers, on sait que le travail sera physique et soutenu, mais on ne voit pas l’après de la journée. » Car derrière le fournil et la livraison il y a les factures, les commandes à préparer, préparer la prochaine fournée, mettre le blé à trier, la farine à faire… « Ce sont des journées sans fin ».

Alors quand vous lui demandez comment elle arrive à gérer tout ça, elle vous raconte une petite anecdote. « À l’un des stages que j’ai suivi pour le pain, j’étais complètement stressée. Parce que plus on fait des stages et plus on se rend compte que personne ne fait son pain de la même manière, en fait on se dit "je ne sors pas avec la recette miracle, il faut que je trouve ma recette". Et ma tutrice à ce moment m’a dit « T’inquiète pas Anne, ça se fait ». J'ai gardé cette petite phrase en moi et oui en fait tout se fait. C’est comme le pain, les cultures, les travaux « on échoue, okay, on recommence » et ça finit par fonctionner.
 

« La confiance ne se demande pas, elle se mérite. Si l'on veut l'acquérir, il faut être vrai, dans ses paroles et ses actions, car l'authenticité, est la clef, de l'humilité...» Joëlle Laurencin.

Anne Méheust n’a d’autre but que d’apporter sa petite « brique » (d’épeautre ?) à l’édifice du manger mieux et local, en plus ils ont un goût de réconfort… Alors dépêchez-vous, car ils se vendent « comme des petits pains ».

*Protéine de céréale provoquant chez certaines personnes des problèmes de digestion ou des allergies.

 

La Cab’Anne à Pains, 3 L'hôpital, Saint-Aaron - 22400 LAMBALLE-ARMOR,
Tél. 06 60 40 46 84. 


Boutique ouverte le vendredi de 16h30 à 18h45 // marchés de Lamballe le jeudi // présence dans plusieurs dépôts du territoire.

 

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