Chaque automne, la pomme est à la fête en Baie de Saint-Brieuc – Paimpol – Les Caps. La saison parfaite pour partir découvrir ce fruit à Paimpol et ses environs, auprès d’acteurs engagés. Engagée depuis 20 ans dans un programme de protection de la biodiversité sur terre et en mer, Paimpol possède un véritable savoir-faire de protection de la biodiversité qui agit, entre autres, pour la préservation de ce fruit emblématique de la Bretagne, de sa culture et d’un savoir-faire local. Une balade dans cette baie dans la baie, sur les traces de la pomme, s’impose donc !
Paimpol et la cale aux pommes
Ma découverte commence au port, le long du quai Loti. Une drôle de cale en pierres qui ne ressemble à nulle autre, interroge. Son nom ? La cale aux pommes. Représentée sur un tableau d’Emma Herland exposé en Mairie, sa présence serait antérieure à l’existence du port actuel, et voyait encore durant la première moitié du XX° siècle, des tonnes de pommes y être débarquées. Paimpol et la pomme semble être une histoire de longue date.
L’Abbaye de Beauport, une volonté de conservation
Ma visite se poursuit à Beauport et son abbaye qui possède une longue tradition de vergers. Un inventaire fait état de la présence d’un pressoir avant la Révolution et les lieux accueillirent même une cidrerie au XX° siècle. C’est dire si le lieu était prédisposé à voir sa soixantaine de variétés de pommes anciennes, dont certaines spécifiques à Beauport, à être protégée et devenir un verger conservatoire. Sur place je rencontre Jacques, le garde littoral et responsable environnement qui a pour mission de transmettre auprès du public la valorisation de ces pommiers, au milieu d’un écosystème parfaitement adapté au climat breton et qui exclut tout produit phytosanitaire. A l’abbaye, ce sont les moutons et les vaches qui se chargent de la tonte et la nature fait simplement le reste. C’est ainsi qu’à chaque automne, la récolte annuelle réalisée par les élèves du lycée agricole de Kernilien donne le ton pour la production de cidre et de jus de pommes. À chaque année sa cuvée particulière et son goût unique pour les 4000 bouteilles de cidre composé dans le plus pur respect du produit !
Réserve Paule Lapicque, sur les pas d’une avant-gardiste
À Ploubazlanec je découvre, en compagnie de l’un des bénévoles qui gèrent les lieux aux côtés de 2 salariés, un autre site naturel protégé qui a lui aussi pour vocation de préserver et d’éduquer à l’environnement. J’y apprends que, dès les années 1970, la cousine du célèbre peintre Charles Lapicque, Paule alors propriétaire de quelques hectares en Baie de Launay, s’investit avant tout le monde dansl a culture biologique en négligeant les pesticides. À son décès, ces 11 hectares d’exception sont légués à l’association Bretagne Vivante qui milite pour la protection de la nature et respecte la biodiversité. La réserve contribue aujourd’hui à la préservation des espèces endémiques en greffant depuis 2015 des pommiers locaux que les gourmands peuvent découvrir à chaque automne, lors de la fête « À vos pommes » en venant cueillir et, comme moi, déguster ces fruits 100% naturels.
La Maison de l’Estuaire, les vergers à l’état sauvage
Pour découvrir de vieux vergers à l’état naturel, j’ai cette fois pris la direction des rives du Trieux et la Maison de l’Estuaire, gardienne des lieux. Dans la grande forêt littorale de Penhoat-Lancerf, site naturel protégé, une centaine de variétés y est conservée, bien dissimulée à l’abri de cet espace préservé par la douceur du climat du fleuve côtier. Le gardien de la Maison de l’Estuaire m’accueille et m’explique comment il veille à la bonne prospérité des espèces en greffant régulièrement des pommiers afin de les conserver mais aussi pour faire naitre des variétés qui s’adaptent subtilement à la richesse du sol de cette forêt à la faune et la flore riches et diverses. Une balade à ne pas manquer !
La Bolée de Paimpol, un savoir-faire familial depuis 25 ans
Pour terminer cette découverte de la pomme en Baie de Paimpol, rien de tel qu’un arrêt à la cidrerie Guillou-Le Marec, qui en est aujourd’hui à sa cinquième génération avec à sa tête Alain et Yves Le Marec et Anne-Sophie et Gaëtan, les enfants de ce dernier. Créée en 1892 par Joseph Guillou, la Bolée de Paimpol continue de produire son cidre et son jus de pomme dans la plus grande tradition tout en innovant, en développant notamment une gamme bio, comme me le raconte Yves véritable mémoire vivante de son entreprise. Depuis 2010, le site a même ouvert un musée qui retrace son histoire à travers ses propres archives. J’y découvre alors que les pommes étaient acheminées de la Vallée de la Rance jusqu’à Paimpol où elles étaient déchargées… à la cale aux pommes. La boucle est alors bouclée ! Si la pomme est reine sur ce territoire, elle ne doit pas cette place au hasard. Un climat favorable lui a permis de s’épanouir et ses variétés spécifiques lui valent aujourd’hui une attention particulière de la part d’acteurs engagés et respectueux de l’environnement et de sa préservation.
En Baie de Paimpol, on est définitivement mordu de pommes !